Force est de constater que les outils au service du recrutement ont nettement évolué ces dernières années, et de manière radicale. Difficile de dire que « c’était mieux avant », bien au contraire.
Jusqu’à la fin des années 90, les services de Ressources Humaines des entreprises avaient recours à des bases de données internes, très segmentées et limitées. Cette époque était celle de la publication d’offres d’emploi dans la presse papier, d’annonces coûteuses, de transmissions de candidatures par courrier, et de traitements fastidieux car non automatisés de CV en version papier. Dans son coin le recruteur était propriétaire de sa base de données plus ou moins à jour. Aujourd’hui, ce temps est révolu et personne ne semble regretter l’accumulation des classeurs remplis de CV. Le sourcing consiste désormais à utiliser les réseaux sociaux et internet comme des CVthèques pour trouver des réponses à des offres d’emplois ; pour cibler plus facilement et plus rapidement des profils correspondant à des recherches multi-critères.
En 2016, LinkedIn et Viadeo (racheté par Le Figaro) affichent fièrement un nombre de 10 millions de membres chacun en France. Partant de ce chiffre, et sachant que la population active compte 38 millions de personnes[1], nous constatons qu’en moins de 15 ans plus de 25% sont présentes dans ces réseaux. La majorité des compétences du marché deviennent ainsi accessibles par tous en quelques clics ! Ce vivier de talents constitue une source inouïe pour les recruteurs d’autant plus intéressante qu’elle s’enrichit continuellement : à noter, en seulement deux ans LinkedIn a doublé son nombre total de membres[2].
Les réseaux sociaux, et le digital plus globalement, sont en train de changer tous les moyens de sourcing de par leur transversalité et leur impact sur le comportement des acteurs. En France, qu’il s’agisse aussi bien des jeunes diplômés (9 sur 10), que des cadres (6 sur 10), tous disposent d’un profil sur un réseau social professionnel ; la révolution étant la mise à jour par les personnes elles-mêmes, en temps réel, des informations. L’utilisation de « Google » ou autres moteurs de recherche renforce cette notion d’actualisation ; mais également celle du recoupement et de la multiplication des sources pour une information plus pertinente et ciblée.
Ce mode de sourcing, combiné à une stratégie globale de recrutement via les médias sociaux représente un outil puissant qui intègre à la fois le recrutement direct (détection et approche) ainsi que l’approche indirecte en développant une communauté, un vivier de talents/candidats potentiels. L’optimisation de ces outils sociaux permet donc de réduire les coûts de recrutement tout en diminuant le recours aux autres job boards et cabinets de recrutement.
Au-delà, que nous réserve l’avenir du recrutement ? Quelles sont ses perspectives d’évolution ? Vers quoi tendent les Ressources Humaines ? Les DRH et managers ont à présent en main tous les outils de sourcing ; demain le support de la machine sera encore davantage au cœur du processus. L’avènement d’un assistant intelligent se profile et voit déjà le jour ! A l’aide d’algorithmes plus affinés et plus performants (associations de mots-clés et agrégation de données multi-sources), les logiciels vont permettre un sourcing plus efficace et stratégique grâce à l’intégration de critères de sélection de plus en plus intelligents. Le « matching » des compétences est donc la clef ! La machine va être à l’origine du processus d’idéation, poussant l’information intelligente au recruteur, l’humain prenant ensuite le relais. Le Big Data, qui s’étend d’ores déjà au secteur des Ressources Humaines, prend tout son sens sur le marché de l’emploi qui contient un volume considérable de données à traiter. L’avenir du recrutement repose dès lors sur ces logiciels « d’alertes à talents ».
La digitalisation du sourcing des talents commence maintenant ! Aux DRH de lui emboîter le pas dès à présent, au risque de se faire dépasser et de perdre en compétitivité dans cette « Guerre des talents ».
Cet article est paru dans le Livre Blanc « Banque & Fintech : enjeux d’innovation dans la banque de détail » de Finance Innovation. http://finance-innovation.myshopify.com
[1] Source INSEE, 1er Janvier 2016, http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?ref_id=bilan-demo®_id=0&page=donnees-detaillees/bilan-demo/pop_age2b.htm
[2] Source LePtiDigital, 31 octobre 2015, http://www.leptidigital.fr/reseaux-sociaux/chiffres-linkedin-5976/