Du constat à l’action, l’ouvrage de Pascal Demurger, dans lequel il conçoit l’entreprise comme politique, est inspirant. Dans L’entreprise du XXIème siècle sera politique ou ne sera plus, le patron de la MAIF souligne en quoi l’économie n’engendre plus de progrès social, et que dans le même temps la politique, devenue gestionnaire, répond mal ou ne répond plus aux attentes démocratiques. Il en tire la conclusion que l’entreprise doit assumer un rôle politique, conclusion qu’il nous dit mettre en œuvre au quotidien.
« Rendre capable pour rendre possible »
Pascal Demurger propose des pistes d’actions qui relèvent du pilotage de l’entreprise et du management d’équipes. Son chapitre « L’audace de la confiance » est riche d’idées et de retours d’expérience qui pourront trouver dans différentes entreprises, dans différents contextes des voies d’application. L’une de ses formules au détour de ce chapitre est « Rendre capable pour rendre possible » : voilà un enjeu managérial qui résonne comme un projet politique.
La dimension politique du travail
L’ouvrage fait pour moi écho aux travaux d’Isabelle Ferreras qui met en exergue la triple dimension expressive, publique, et politique d’un travail animé par l’attente d’une justice démocratique. Elle développe à partir de ses observations et réflexions l’idée d’instaurer le bicamérisme comme mode de gouvernance de l’entreprise.
Si Pascal Demurger ne semble pas aller jusque-là, il n’est pas improbable qu’il puisse être séduit par cette dimension politique du travail, a fortiori (?) dans le secteur des services, et qu’il puisse, avec ses équipes, la creuser et la faire prospérer.
C’est par cette triple dimension du travail que chacun, pour peu que le contexte managérial soit porteur, pourra trouver du sens, pour lui et pour le collectif, à son travail et à la mission de l’entreprise.
Un « management à mission » est souhaitable, à la condition qu’il ne soit pas évangéliste, mais qu’il accepte de facto de laisser la part belle à l’autonomie et à la confiance.